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Exquisite CorpseExquisite Corpse
Issue 10 - A Journal of Letters and Life
Poesy
Désir d'un commencement
Angoisse d'une seule fin
by Edmond Jabès

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Desire for a Beginning
Anguish of a Single End

translation by Kevin P.Q. Phelan

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Continued from Cybercorpse #7:


    L'évidence, comme le vide qu'elle évince, dérange; car elle met en difficulté la vérité de
laquelle elle s'est détachée.
  Astres lucides; chaque fois, aux prises avec leur passé.
  Le néant scintille.
 
 
 

   
Indatable regard.
Mémoire d'horizon

 

 



  Au seuil de la mort, ce n'est pas l'avenir de
l'âme qui nous préoccupe mais le comportement du corps.
 

 

 

  L'âme est un oiseau d'oubli aux ailes
multicolores.
 
 
 
 
 
 
 
 
  Que donne à voir le livre? -- D'abord, la
détresse de l'auteur. Puis son impudence.
 

 

 


  Le serpent est, peut-être, un mot tellement
étiré, qu'il ne peut, désormais, que ramper sur
son ombre.
  Cruelle humiliation.
  Inacceptable.
  Son venin, cependant -- Vengeance. Ven-
geance. -- le réconcilie avec la vie.
 
 

 

 

 
  La mort, à l'oiseau, retire les organes du vol
qui lui étaient nécessaires.
  Si haut, devra-t-il voler dans la nuit, que ses
ailes--les freles ailes de la vie--lui sont, à pré-
sent, inutiles et, de trop, ses grandes yeux ouverts et ronds.
 
 
 

 


  Liens étroits rivant le néant au néant.
Rayage d'un beau rêve; ô rive, déjà, engloutie.
 
 
 
 


 
 
 
  Ce qui coule avec nous, a, pour rôle et pour fin, de couler.
  Objectivité de la perte.
  Mais l'instant oppose, à l'esprit, un formel
dementi.
 



 
 

  Une possible approche de l'univers n'est
qu'une simple approche du possible.
  Ici, l'impossible se butte à la pérenne question de son inconcevabilité; question cruciale à laquelle il s'est, toujours, dérobé.
  A jamais, il y aura un impossible que le pos-
sible mine.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Celui qui est bien couvert ne craint pas le froid. Celui qui est nu, redoubte autant les brûlures du soleil que les morsures du gel.
  S'exposer, c'est accepter, d'avance, de payer le prix de son audace.
  La parole que rien ne protege nous le ressasse mais nous ne l'écoutons plus.
 
 
 
 


 


Sereine vieillesse, comme un bandeau sur les
yeux.
  Bonté de l'âge.
 
 
 
 

 

 


  Ne puise pas seulement dans l'amour ta force
d'aimer.
  Puise, également, celle-ci, dans sa royale force même.
 
 
 
 

 


 
 
 
 
Si le monde a un sens, le livre en a un.
Mais lequel?
 
 
 


 
 


Passive raison. Raison des gouffres.
 
 
 
 

 

 


 
  Mon pere -- je l'ai, déjà, ecrit -- à l'Etat Civil
me déclara né deux jours avant ma naissaince.
  Depuis, je vis aux côtés d'un autre moi-même,
de quarante-huit heures mon aîné.
 
 
 
 
 

 
 
  Au Moyen-Age, en Espagne, sous l'Inquisition,
certains "juifs repentis", que l'on désignait sous
le nom de "marrannes" et dont la plupart avaient accepté la conversion pour éviter le châtiment suprême ou l'expulsion, portaient, dans une poche approprieé, bien dissimulée dans la doublure de l'une des amples manches de leurs vêtements -- en général, celle de gauche -- un livre de petit format, recueil de commentaires de la Torah ou de prieres d'enfance.
  Aussi pouvaient-ils, à chaque occasion, tandis
qu'ils faisaient humblement montre de soumis-sion aux volontés de leurs implacables maîtres, à travers l'épaiss étoffe qui le protégeait des regards, caresser, de leur main libre, le livre de
leurs ancêtres, réaffirmant par ce geste obscur, mais ô combien significatif, leur fidélité aux paroles de leur Dieu invisible et, maintainant, silencieux.
 
 
 
 
 
 


 


 
  "Accepte les prophéties pour ce qu'elles sont,
-- disait un sage. Il y a longtemps qu'elles ont
cesse de briller."
  Et il lança la pierre qu'il tenait dans sa main
contre le mur ou le narguait son ombre.
 
 
 

 


 

  Ce philosophe estimé pensait que la vérité était moitié juive et moitié chrétienne.
  L'absolue Vérité, n'étant jamais que l'ambition
demesuree de toute Vérite, la question que l'on
serait en droit de se poser, alors, est celle-ci:
"Comment peut-on diviser, en deux, ce qui est
toujours en devenir?"
 
 
 

 

 


 
  "Avoir, pour témoin, le livre -- écrivait un sage -- c'est avoir l'univers entier pour répondant."
 
 
 
 
 
 


 
 
Sauvés par le livre sauvé.
 
 
 
 


 
 
 
  Le juif fait face au juif, comme la page du Livre à la page du Livre.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Angoisse d'une seule fin

 
 
 
  Être encore où l'on n'est plus
que cet "encore" à vivre.

  Les mots de l'amitié précèdent,
toujours, l'amitié comme si
celle-ci, pour se manifester,
attendait d'être annoncée.
 
 
 
 
 
 
 
 
          I.
 
 
 
  Nous ne pouvons avoir une image de
nous-mêmes.
  En avons-nous une d'autrui?
  Sans doute, mais nous ne savons, jamais, hélas, si elle est la bonne.
 
 
 
 
 
 
 
 
  Voir, comme on dirait "au revoir" à un
étranger, en le regardant partir.
  Ce qui passe éclaire le passage.
  Ce qui demeure, l'annule.
 
 

 


 
 
Ouvre mon nom.
Ouvre le livre.
 
 
 
 


 
 
  Le bonheur que l'on éprouve à aimer n'est pas, forcément, lié à un amour heureux.
  Il est besoin d'amour.
 
 
 
 
 
 


 
 
  Dans le miroir de ma salle de bain, je vis apparaître un visage qui aurait pu être le mien mais dont il me semblait découvrir, pour la première fois, les traits.
 
 
 
 


   

  Visage d'un autre et, cependant, si familier.
  Groupant mes souvenirs, je retrouvais, à travers lui, l'homme avec lequel on me confound mais dont je suis seul à savoir que, de tout temps, il fut, pour moi, un étranger.
  Brusquement, le visage disparut et le miroir,
ayant perdu sa raison d'être, ne refléta plus que le pan de mur, lisse et blanc, qui lui faisai face.
  Page de verre et page de pierre, dialoguant
entre elles, solitaires et complices.
  Le livre n'a point d'origine.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Jeune est le monde au regard de l'éternité et
si vieux, au regard de l'instant.
 
 
 
 
 



 
 
 
Demande-t-on à une île qui elle est?
La mer la flatte et l'étourdit.
Un jour, elle l'engloutira.
 

Fixée à rien. Fixée à l'eau.
 
 
 
 


 


 
  "Comment vois-tu la liberté? - demanda le
disciple à son maître.
  "Telles, puet-être, deux ailes téméraires se
débattant, au ciel, désespérément contre le vent", répondit le maître.
  Et il ajouta : "Reste à savoir, cependant, si --
comme tu l'as supposé aussi -- ces ailes sont bien celles d'un frêle oiseau de passage."
  "Et si elles n'etaient pas les ailes du frêle
oiseau? -- reprit le disciple.
  "Plus juste -- dit, alors, le maître -- serait la
comparison.
  "L'image de la liberté serait le vent."
 
 

 

 




Chaque vérité œuvre pour sa vérité.
Modeste contribution à la Vérité universelle.
Notre foi en elle, la soutient.
 
 


 


 
    ...toutes ces petites vérités qui viennent miner l'idée que nous pourrions avoir d'une véritée unique.
  -- Ce sont des fourmis -- pensais-je -- creu-
sant, imperturbables, leurs trous.
 
 
 
 
 
 


 
  D'un écrou de mouvement, ne fais pas un
écrou de serrage.
 
 

 

 

 


  "La vérité n'existe pas afin de permettre, sans
doute, à nos vérités d'exister," disait-il.
  Et il ajoutait : "Le soleil une fois couché, dans
le vide espace céleste, scintillent, pour nos yeux levés, des myriades d'étoiles.
  Ô solitude de chacune d'elles."
 
 
 
 


 
 
 
  Nous errons dans la mort, éclairés par nos
vérités insistantes.
 
 
 
 
 
 

 


 
  Immuable et juste est la loi. Moins sûre d'elle-
même, la justice.
 

 

 


 
 
  Impossible à cerner est, peut-être, la Vérité.
  S'efforcer de l'exprimer, c'est, souvent, faire
fausse route.
  Déloyal, malgré lui, est le premier mot.
 
 
 


   
 
La vérité comme voie et non point comme voix?
Je crois. Je trace.
Lumière. Lumière.
 
 
 
 
 


   
 
"La vérité est un mot imprononçable," disait-il.
 
 
 
 

 

 


  N'entrave pas la libre envolée de l'idée. Tu
serais le premier à regretter l'inconséquence de
ton geste.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
L'âme est sans retenue.
 
 
 


 
 
 


 
  Le moineau ignore le chien mais il prend garde
au chat.
 
 
 
 


 
 
 
  L'oeil rivé à la montre, tremblante attente. Chaque déplacement de l'aiguille te fait sursauter, car elle te remet en question.
  Si capricieux est le futur. Il nous surpendra
toujours.
 
 
 
 
 

 


 
  Attendre quoi, sinon la mort? Et nous la
redoutons.
  Attendre, peut-être, l'oubli de la mort.
 
 
 
 

 


 
 
  Dieu n'est pas dans la réponse. Comme le diamant dans ses reflets, Il est dans la miroitante question.
 

 

 

 


 
  Chaque battement du coeur est ponctuelle
réponse de la mort à la question angoissée du
coeur et réponse évasive de la vie à l'énigmatique question de la mort.
 
 
 
 

 


 
 
 
  Le corps est sans projets, sans futur; ceux-ci
étant rêves et désires de l'instant qui le modele.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Construis ce qui s'abîme. Instruis ce qui
s'érige.
 
 
 
 
 

 


 
  Si, hier, je n'étais pas là, porquoi m'inquiéter
de savoir si je serai là demain?
  Et comment, aujourd'hui, attester ma présence parmi vous, si je suis incapable d'en fournir la preuve?
 
 
 
 

 


 
  Il disait : "Se méfier des idées qui ont pris
plusieurs chemins. Pour les retrouver, on ne sait plus lequel emprunter.
  "L'idée ne vient pas a nous. Nous allons a elle,
comme on retourne à la source qui nous a
abreuvés."
 
 
 

 


 
 
  Le monde est petit, si petit que, de lui, le
monde fait une bouchée.
 
 

 

 


          II.
 
 

  "Croître en riens.
  "Léger. Léger."
disait-il.
  -- De quels riens s'agit-
il? -- lui demanda, un
jour, un disciple.
  Et le sage répondit : "L'esprit vise, chaque fois, plus loin. Ô vertigineuse poussée vers le haut; mais qu'est-ce que le haut, sinon le perpétuel reniement du bas?"
  Et il ajouta : "En bas, il n'y avait rien et là-haut, il n'y a rien mais entre filtre la lumiere."
 
 
 

 


 
 
 

Toute clarté est dans la pensée.
 
 
 
 
 
 


 
 
Le jour tu fondes. La nuit, tu doutes.
 
 
 
 
 
 


 
 
  Pour sa gloire, la mémoire inventa le temps
sans s'apercevoir que le temps était, déjà,
mémoire d'éternité.
 

 

 

 

 

 

  Le miroir ne reflete, de nous, qu'une seule
image, celle qu'il a retenue et qu'il nous révele.
  L'épreuve par soustractions.
 
 
 
 
 
 


 
On ne peut lire qu'un mot à la fois.
 
 
 
 
 


 
 
Ce qui nage a l'âge de l'eau.
Ce qui respire a l'âge de l'air.
Ce qui s'estompe a l'âge du temps.
 
 

 



  Soucieux d'attirer, sur lui, notre attention, quel recours a le corps souffrant, sinon d'exhiber, pour nous, des images de sa souffrance?
  Mais l'âme?
  L'âme douloureuse n'a, de soi, aucune image
à proposer.
  Elle est ce qui fait souffrir, mais souffre toute
seule.
 
 
 
 
 
 
 
 


 

  Apres en avoir été ébloui, le jet d'eau, progressivement, perd jusqu'à la notion de sa convaincante puissance.
  Il n'est plus, dans sa fierté bafouée, que forces domestiquées, au service de l'homme.
  Ô tristesse insoupçonnée des longs fleuves
impavides.
 
 
 
 
 
 


 

 
Crapauds et jardinages: misere du diamant.
 
 
 
 


 
 
 
 
 
  Ne demande pas, à l'océan, de t'indiquer la
route.
  Pose, plutôt, la question au roseau qui l'a
perdue.
 
 
 


 
 
 
 
  Comme on jauge une source, évaluer le débit
de sa parole.
  La réduire pour ne pas la tarir.
 

 

 

 



 
  Il disait : "Un bruit de vinaigre." Cela m'a
paru, au début, curieux puis je me suis, peu à
peu, habitué à cette expression sans, toutefois, la comprendre mieux.
  "Ne m'arrive-t-il pas, quelquefois, de dire :
"Un silence d'huile?"
  Et il ajoutait :
  "Les images, souvent, ne sont parlantes que
pour ceux qui les emploient."
  L'âme et le corps sont la proie des mêmes
maladies.
 
 
 
 

 



 
 
Le jour est malade d'images.
Folie. Folie.
La nuit, malade d'oublis.
 
 
 
 


 
 


 
 
  Il n'y a de vrai silence qu'aux tréfonds
inexplorés des signes.
 
 
 
 

 


 
 
 
  L'hiver a recouvert de neige ma plume.
  La page blanche est de glace. Les mots si
jeunes, déjà condamnés.
  Ah n'écrire, n'écrire qu'avec de mots ressusci-
tés. N'avoir affaire qu'aux mots de la plus haute
saison.
  Lumineux.
 
 
 
 
 


 
Ne pas voir. Ne pas savoir. Etre.
Aller au bout, puis plonger. élu.
 
 

 

 

 


 
  "Il ne faut jamais laisser réfléchir les malades
-- écrivait ironiquement un sage.
  "Pour eux, la maladie prime sur tout le reste.
Et c'est le contraire de la sagesse.
  "Un malade n'a-t-il pas, récemment, sombré
dans la démence à force de se croire, réellement, malade?
  "C'est qu'il souffrait, sans le savoir, d'une autre maladie."
 
 
 


 
 
  On ne meurt que d'une mort : celle à laquelle
on ne s'attendait pas.
 
 
 
 
 

 


 
 
  Une flamme ne suffit point à la gloire de
l'incendie.
 

 

 

 


  Il s'aperçut, en vieillissant, qu'une question,
pour lui, prenait, chaque jour, plus d'importance: comment ne pas vieillir?
  Mais il se trompait de question, celle qu'il
aurait dû se poser est la suivante : comment, de la sagesse, conserver toute la jeunesse?
 
 
 
 
 
 
 

 


 
 
Le rien est plus audacieux que le tout.
 
 
 

Continued from Cybercorpse #7:


  Evidence, like the void it evinces,
is disturbing, for it endangers the truth from which it is detached.
  Lucid stars, each time at grips with their past.
  Nothingness shimmers.
 
 
 
 
 

Undatable gaze.
Memory of the horizon.
 
 
 
 
 

 

   
  At the threshhold of death, we are not concerned with the fate of the soul, but with the behavior of the body.
 
 
 
 
 
 
 
  The soul is a bird of lost memory with many- colored wings.
 
 
 
 
 
 
 
 
  What does the book reveal? First, the author's distress. Then his impudence.
 
 
 
 


 
 
  The serpent is, perhaps, a word so
stretched out that it can only, henceforth,
slither on its shadow.
  Cruel humiliation.
  Unacceptable.
  Its venom, nonetheless -- Vengeance.
Vengeance. -- reconciles it with life.
 
 

 


 

   Death, for the bird, removes the organs
of flight which were essential to its being.
  It will have to fly so high in the night that its
wings -- the frail wings of life -- are now useless, as are its round, wide open eyes.
 
 
 

 

 
 
Close ties riveting nothingness to nothingness.
Striking a beautiful dream; O shore, already, engulfed.
 
 
 
 
 
 
 
 
  What flows with us has, as its purpose and its end, to flow.
  Objectivity of loss.
  For the spirit, the moment opposes a final denial.

 
 
   
 
 

  A possible approach to the universe is nothing more than a simple approach to the possible.
  Here, the impossible collides with the perennial question of its inconceivablity, the crucial question to which it is, always, lost.
  There will always be an impossible that
the possible mines.
 
 
 
 
 
 
 


   He who is well-clothed has no fear of cold. He who is naked dreads sunburn as much
as frostbite.
  Exposing one's self is to accept in advance
the price of such audacity.
  The speech that nothing protects seizes us,
but we no longer listen to it.
 
 
 
 

 


 
Serene old age, like a blindfold over the eyes.
  Profit of the years.
 
 

 

 


 
 
 
  Do not only draw from love your strength
to love.
  Draw equally from its own royal strength.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
If the world has a meaning, the book has one.
But which?
 
 
 
 

 


 
Passive reason. Reason of gulfs.
 
 
 

 

 

 
 

   My father -- as I have already written -- registered with the authorities that I was born two days before my birth.
  Since then, I have lived by the side of another self, 48 hours my elder.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  In the Middle Ages, during the Spanish Inquisition, certain "repentant Jews", who were called "marranos", and who, for the most part, had accepted conversion to avoid death or expulsion, carried in a specially sown pocket, well concealed in the lining of their wide shirt sleeves -- usually the left -- a tiny book: a compilation of passages from the Torah
or children's prayers.
  Thus, on many occassions, even while humbly demonstrating submission to the will of their implacable masters, they were able to caress with their free hand, through the thick fabric which hid it, the book of their ancestors, reaffirming through this obscure,
but O how significant gesture, their fidelity to the words of their invisible and, now silent, God.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   
 
  "Accept the prophecies for what they are," a sage said. "They ceased to shine long ago."
  And he threw the stone he was holding in his hand against the wall where his shadow taunted him.
 
 
 

 


 
 
  An esteemed philosopher thought truth was
half-Jewish and half-Christian.
  Since absolute Truth is never more than the excessive ambition of all Truth, one may be permitted to ask: "How is it possible to halve what is always becoming?"
 
 
 
 
 

 

 


   "To have the book for a witness" -- wrote a sage -- "is to have the whole universe as a guarantor."
 
 
 
 
 
 
 


 
Saved by the saved book.
 
 
 
 
 
 


 
  Jew confronts Jew like facing pages of the Book.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Anguish of a Single End
 
 
 
  To be again when there is only
this "again" to live.

  Words of friendship always precede
friendship, as if, in order to
present itself, friendship was waiting
to be announced.
 
 
 
 
 
 
 
   
  
        I.
 
 
 
  We are unable to have an image of ourselves.
  Do we have one of others?
  No doubt, but we never know, alas, if it is
the right one.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  To see, as one would say "goodbye" to a stranger while watching him leave.
  What passes lights the passage.
  What remains cancels it out.
 
 
 
 
 
 
   

Open my name.
Open the book.
 
 
 


 
 
 
  The pleasure one experiences from love
is not, necessarily, tied to a happy love.
  It is the need for love.
 
 
 
 


 
 
 
 
  In the bathroom mirror, I saw a face appear
that could have been mine, but I seemed to discover, for the first time, the traits.
 
 
 
 
 
 
 
 
 

  Face of another and yet so familiar.
  Sorting through my memories, I again
encountered the man whom others confuse for me. I alone know, however, that to me he has
always been a stranger.
  Suddenly, the face disappeared, and the mirror, having lost its reason to exist, reflected nothing but the smooth, white face of the wall it confronted.
  Page of glass and page of stone, speaking to
each other, solitary and conspiring.
  The book has no point of origin.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  The world is young in regard to eternity and
so old in regard to the moment.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Do you ask an island to describe itself?
The sea flatters and stuns it.
One day, the sea will engulf it.
 

Fixed to nothing. Fixed to water.
 
 
 

 


 
 
 
  "How do you define freedom?" the disciple asked his teacher.
  "As, perhaps, two reckless wings in the sky,
struggling desperately against the wind,"
the teacher replied.
  And he added: "We don't yet know, however, if -- as you have also supposed -- the wings
are those of a frail migrating bird."
  "And if they are not the wings of a frail
bird?" the disciple inquired further.
  "More precise -- the teacher then said -- would be the comparison.
  "The image of freedom would be the wind."
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
Each truth works for its truth.
A modest contribution to universal Truth.
Our faith in it sustains it.
 
 
 
 

 

  ...all these minor truths come to mine
the idea that we can have only one truth.
  -- They are ants, I thought, calmly digging
their holes.
 
 
 
 
 
 
 
 


There is no need to tighten a loose screw.
 
 
 
 
 


 
 
 

  "Truth does not exist, no doubt, in order to allow our truths to exist," he said.
  And he added, "Once the sun sets in the
celestial void, a myriad of stars shimmer
for our upturned eyes.
  O solitude of each one."
 
 
 
 
 


 
 
  We wander in death, enlightened by our
insistent truths.
 
 
 
 
 
 
 

 


  The law is immutable and just. Less sure of itself, justice.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Truth is, perhaps, impossible to encircle.
  To force its expression is, often, to take the
wrong road.
  Disloyal, despite itself, is the first word.
 
 
 
 
 
 
 

Truth like a platform and not like a voice?
I believe. I trace.
Light. Light.
 
 
 
 
 
 
 
 


"Truth is an unpronouncable word," he said.
 
 
 
 
 

 


 

   Do not impede an idea's free flight. You
would be the first to regret the irrelevance
of your gesture.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
The soul is without discretion.
 
 
 
 
 
 
 

 

  The sparrow ignores the dog but is watchful
of the cat.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Eye rivited to the clock, trembling expectation. Each movement of the hand startles, for it calls you into question.
  So capricious is the future. It will always
surprise us.
 
 
 
 
 

 


  Waiting for what, if not death? And we
dread it.
  Waiting, perhaps, for death's forgetfulness.
 
 
 
 

 


 
 
  God is not in the answer. Like the diamond
with its reflections, He is within the sparkling
question.
 
 
 
 
 
 
 

 


  Each heartbeat is death's punctual response
to the anguished question of the heart and
life's evasive response to the enigmatic
question of death.
 
 
 
 
 

 


 
 
  The body has no plans, no future; these being the dreams and desires of the moment which shapes it.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Construct what deteriorates. Instruct what
emerges.
 
 
 
 
 
 
 
 
 


   If, yesterday, I was not here, why do I worry whether I will be here tomorrow?
  And how, today, do I attest to my presence
among you, if I am incapable of supplying
proof?
 
 
 
 
 
 


 
  He said: "Be wary of ideas that have traveled
down many paths. To rediscover them, one does not know which to follow.
  "The idea does not come to us. We go to it,
like returning to the spring that quenched
our thirst."
 
 
 

 


 
 
  The world is small, so small that it consumes
itself in a mouthful.
 
 
 
 
 
 



  
         II.
 
 
   
  "Grow in nothings.
  "Lightly. Lightly."
he said.
  "What nothings are you referring
to?" a disciple asked one day.
  And the sage replied: "Each time, the spirit aims higher in a dizzying skyward surge;
but what is high if not a perpetual denial
of low?"
  And he added: "Below, there was nothing and high up, there is nothing, but between filters light."
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

All clarity is in thought.
 
 
 
 
 


 
 
 
Day, you establish. Night, you doubt.
 
 
 
 
 
 


 
 
  For its own glory, memory invented time
without realizing time was already the memory
of eternity.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   The mirror only reflects a single image of ourselves -- the one it has retained and revealed to us.
  Proof through subtractions.
 
 
 
 
 
 


 
We can only read one word at a time.
 
 
 
 
 
 

 
What swims is as old as water.
What breathes is as old as air.
What fades is as old as time.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  Anxious to attract our attention, what
recourse does the suffering body have except
to display the images of its suffering?
  And what about the soul?
  The troubled soul has no image
of itself to propose.
  The soul is the cause of suffering, but it suffers all alone.
 
 
 
 
 
 

 


 
 
 
  After having been blinded, the fountain
gradually loses any notion of its own
convincing power.
  It is nothing more, with its humiliated pride,
than subdued forces in the service of man.
  O unsuspected sadness of fearless, long rivers.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Flaws and nicks: misery of the diamond.
 
 
 
 
 
 
 
 
 


  Do not ask the ocean to guide you.
  Question, instead, the reed which lost
its way.
 
 
 
 
 
 
 


 
  Measure your speech as you would gauge a spring.
  Reduce it so it never runs dry.
 
 
 
 
 

 

 


  He would say: "Vinegar noise." This seemed
strange to me at first, but little by little I became familiar with the expression, without, however, understanding it any better.
  "Don't I sometimes say: Oil silence?"
  And he added:
  "Images, often, only speak for
those who use them."
  Body and soul fall prey to the same
afflictions.
 
 
 
 
 
 
 
 

 


The day is sick with images.
Madness. Madness.
The night, sick with forgetting.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  The only true silence is in the unexplored
depths of signs.
 
 
 
 
 
 

 


 
  Winter has again covered my pen with snow.
  The blank page is ice. The words, so
young, already condemned.
  Ah, to write, and to only write with resurrected words. To work with nothing but words of the highest season.
  Luminous.
 
 
 
 

 


 
 
Do not see. Do not know. Be.
Go to the edge, then plunge. chosen one.
 
 
 
 
 

 


 
 

   "The sick must never be allowed to think,"
wrote a sage sarcastically.
  "For them, sickness takes priority over everything else. And this is contrary to wisdom.
  "Didn't a sick person recently go mad believing he was actually ill?
  "He was suffering, without realizing it, from another sickness."

 
 
 


   
  We only die one death: the one we
are not expecting.
 
 
 
 
 
 
 

 


A flame is not sufficient glory for the blaze.
 
 
 

 

 



  He noticed, approaching old age, that one
question took on, each day, greater importance: how does one not grow old?
  But this was the wrong question. He
should have asked the following: how, with wisdom, does one stay young?
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 


Nothing is more audacious than All.
 

 
 
 


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